Perdu dans les vagues. [PV: Nikola Q. Von Striker]

Supernova

Un bruit immonde traversa l'air de façon lente et magistrale à la fois ; suivit d'un grognement qui franchit facilement la barre de mes lèvres. Le soleil léchait ma peau avec vigueur autant que la bonbonne de métal que j’avais récupéré était brûlante ; l’eau à l’intérieur devait l’être aussi. Ah… Combien de temps cela faisais-je que la ligne avait été lancée ? Au vue de la position de l’astre incandescent au dessus de mon visage, il devait y avoir bien trois heures minimum que j’avais commencé à pêcher. Et toujours rien en vue.

C’est lorsque je sentais mes gargouillements d’estomac danser la follia qu’un soudain courant d’air chaud m’entraîna bien plus loin. Les nuages masquèrent la lumière, d’un bond d’un seul je ramenais le fil que j’avais jeté dans l’eau pour le préserver et le mettre au fond de la cale du bateau – ou de la barque – dans laquelle je naviguais.

Je posais calmement la main sur mon torse pour augmenter à peu près ma taille, assez pour que j’atteigne sans difficulté les liens de la petite voile que j’avais ouverte maintenant. Les bourrasques maritimes me firent dériver de ma route initiale, bien que j’eus stoppé celle-ci pour pouvoir récupérer quelques poissons, je jetais un œil inquiet au Log Pose à mon poignet ; comme je le pensais, la flèche pointait la direction opposé où la tempête soudaine m’embarquait.

Sans même une goutte de plus, le tonnerre grondait partout autour de moi, les vagues s’élevaient dangereusement pour un mangeur de fruit du démon comme moi, je tentais de me raisonner, gardant mon calme mais le pauvre radeau en bois que j’avais était léger malgré le bidon d’eau et les trésors que j’avais amassés pour les vendre. Je croisais les mains dans de fluides mouvements expérimentés, entourant les cordes à mes avant-bras pour bloquer la voile afin que je ne m’envole pas.

- Et bien bravo, te voilà dans la mouise, ma quiche…
- Mais non, tu vois bien que ça se calme !

En effet, il ne m’avait pas fallu longtemps pour remarquer, moi aussi à l’instar de l’autre, qu’une percée de rayons luminescents traversait le ciel et écartait les nuages noirs. Ils se dissipèrent comme ils étaient venus, l’océan se calma enfin doucement jusqu’à devenir aussi plat qu’il n’y avait qu’une dizaine de minutes à peine…

- Tu vois, j’avais raison, soupirais-je à mon attention.

Dénouant les cordelettes qui avaient à présent marquées mes bras sans préavis, je poussais un soupir de soulagement et de lassitude en même temps avant de reprendre ma taille initiale et de me vautrer à nouveau sur l’une des lattes surélevée en pensant à des amoncellements de spaghettis aux crevettes et autres spécialités que j’avais vu goûté sur l’île précédente où je m’étais rendu.

Quelques souvenirs me traversèrent l’esprit ; surtout cette fois où j’avais dérobé les biens de bandits qui avaient eux-mêmes volés aux habitant de la ville prêt de la côte. La fête avait été immense à ce moment, elle dura presque trois jours et trois nuits de joie, de bières, et de buffet à s’en craquer le bide. Le maire m’avait même récompensé ; sans parler du fait qu’il avait vaillamment insisté pour que j’épouse sa jeune et jolie fille cadette.

Dans un élan de mélancolie, je me remis à réfléchir un peu à comment j’allais survivre après avoir reculé de la prochaine île où je voulais me rendre et qu’il n’y avait plus un pet de vent à mon plus grand désespoir. J’ouvris de mon petit pot de métal, dans le sac rouge en velours que je trimballais partout, pour y prendre un verre de terre rouge et orange qui gesticulait sauvagement entre mes doigts, je le plantais sur l’hameçon et lança pour la quatrième fois la ligne aussi loin que possible ; même si celle-ci revint assez près de la barque.

En espérant que j’attrape enfin de quoi manger, même cru, car je mourrais de faim, et mon corps me le faisait sentir en me torturant de part en part… Quel enfoiré celui-là. Ah… Je regardais l’eau, dans l’espoir d’y voir un mouvement ; pas trop gros je l’espérais, j’avais pu tomber des dieux de la mer autrefois, en ces eaux. Inoffensifs pour la plupart, mais les agressifs, actuellement, je n’étais pas avantagé…

- Petits, petits, venez manger le bon asticot, commençais-je.
- Et tu crois vraiment qu’ils vont te répondre en plus ?
- Oh la ferme Tank.
- La même.

Il fallait que ça mordre, et pour cela, je devais être le plus discret possible… D’où je me figeais lorsque je pu apercevoir un mouvement furtif hors de l’eau. Même une sardine aurait fait l’affaire, mais je devais manger quelque chose. Et là, il y avait quelque chose qui allait tomber dans mes filets, il me fallait juste ne pas bouger… Surtout, surtout ne pas bouger…

Empereur Pirate

Supernova

Alors que mes yeux étaient rivés sur le bouchon de liège que j’avais vaguement fabriqué avec ce que j’avais sur l’île précédente, une ombre à laquelle je n’avais pas fais attention s’arrêta à plusieurs dizaines de mètres de là. Et pas une petite, une énorme masse noire ; j’avais un mauvais pressentiment, aussi, pas rassuré, je levais le nez.

Dans le ciel, à travers l’un des nuages blancs qui avaient prit la place de la tempête que l’on pouvait voir rugir non loin de là, une espèce d’énorme morceau de terre flottante entre les cieux comme si celle-ci ne pesait rien. Qu’est-ce que c’était qu’encore cette chose ? Evidemment, en arpentant les mers de Grand Line et du Nouveau Monde, j’avais pu en voir, des choses bizarres, des créatures mythologiques, ou encore des personnages tous plus farfelues les uns que les autres.

Et bien entendu, durant mes voyages, et plusieurs fois d’ailleurs, j’avais pu aller à plusieurs de ces îles célestes si adorées par les pirates ; leurs existences mêmes alimentaient les légendes et les récits océaniques qui se passaient entre les bandits, brigands et autres corsaires de tout horizon. Je me souviens que même lorsque je vivais ave mes parents, à l’époque, mon père me nourrissait chaque soir de contes d’écumeurs ; les prouver devint alors ma quête autrefois.

Mais une île qui bougeait… Voilà qui était inédit. D’ailleurs, j’haussais un sourcil lorsque je pu remarquer une sorte de point noir arriver à grande vitesse jusqu’à mon rafiot : quelque chose tombait de ce gros bout de terre pour s’écraser jusqu’à moi et si ma barque coulait, j’étais fichu.

D’instinct, je me reculais en me pressant au fond de la cale, le plus au fond possible, en tirant mon fil pour m’en servir d’arme, on ne savait jamais ; adieu mon petit poisson chéri… Pour voir enfin une sorte d’onde écrasante s’arrêter net vers le bout de mon nez, me brulant la peau de par sa force.

A ce moment là, j’avais encore les yeux ouverts, derrière mes petites lunettes, pour être sûr de ne pas me faire prendre par surprise par un adversaire tombé du ciel… Ou une gamine. Une très jeune fille, adolescente probablement, aux longs cheveux rosées et avec des petites cornes était entrain de flotter à une quinzaine de centimètres de l’un des bancs du petit bateau. Ses grands yeux candides me fixaient ; elle me disait quelque chose.

- Shaker Tank ! s’écria t-elle.

Une pirate, sans nul doute. Si elle avait été de la marine, elle aurait porté son uniforme ; les généraux le font lorsqu’ils se baladent seuls, et aucun navire de la Marine n’était à l’horizon. En y réfléchissant, cette gosse était trop jeune pour avoir entendu parler de moi durant mes heures de gloire, il y avait maintenant vingt ans. Soit elle était plus vieille qu’il n’y paraissait, soit elle avait eu accès aux primes qui ont été abandonnées au fil du temps et dont seul un organisme avait en ligne de mire.

Je me souviens… L’une des Shichibukai. Sans aucun doute, elle en faisait partie. Pourquoi ici, sur Grand Line ? Les pirates de cette envergure avaient tendance à voguer – voler dans le cas présent – dans le Nouveau Monde, pas ici, le bas peuple. Moi, je m’y rendais pour après être aller voir ma chère fille qui habitait dans les premières îles de cette zone, d’où mon retour en arrière. Et il allait falloir que je reparcoure tout, comme d’habitude, et cette fois-ci, je comptais ne pas rentrer avant longtemps pour trouver la tombe du Niidaime.

Je revins au fil de mes pensées pour la fixer, sans avoir l’air agressif ni rien ; elle n’avait pas l’air de l’être, et je ne cherchais pas les embrouilles, le terrain ne m’était absolument pas favorable. Je détendis le fil de nylon pour le déposer sur le côté avant de me redresser et m’épousseter en remontant mes manches d’un air magnanime. Je soupirais.

- Bonjour mademoiselle, commençais-je, avant de me faire couper la parole par mon acolyte de voyage.
- Qu’est-ce qu’un Schichibukai fait ici, à Grand Line ?
- Tu ne peux pas être polie avec la demoiselle ?
- Je ne te parle pas à toi, vieux schnock.
- Aimable…

Je soupirais ; ce monologue ne menait à rien, il était une tête de mule, Shaker Tank. Mais au moins, il avait le mérite de pouvoir occuper mes journées, voir mes semaines que je passais seul auparavant dans ce radeau de fortune. Je me grattais la nuque avant de réajuster ma bague-poing américain en forme de croix, lui indiquant subtilement que j’étais prêt à me défendre malgré le handicap de taille, de terrain, et vraisemblablement, de force.

- Désolé pour ça, dis-je aimablement. On ne m’a pas appelé comme cela depuis bien longtemps, je vous en prie, appelez-moi T.K.

Le tout en m’inclinant légèrement, une jeune fille avait toujours droit à de la courtoisie, quelle qu’elle soit. Et je n’étais pas prêt à faire une croix sur mes habitudes de gentleman envers les femmes juste pour le bon plaisir de cet idiot de jeunot.