[Île de Velt] Discuter autour d'un verre [Gingbao]

Civil

L'île de Velt. Cela faisait maintenant quatre jours que Wilyan s'était arrêté dans une auberge de cette belle île. Un peu sauvage, mais avec du charme. Ses habitants étaient sympathiques, avaient le sourire et, surtout, savaient recevoir. Il ne s'était pas passé un jour sans que l'explorateur ne déguste un de très bons mets qui étaient préparés par la tenancière. Du goût, des saveurs parfaitement mélangées, qui se mariaient à la perfection. Wilyan ne pouvait dire qu'une chose : il était satisfait.
Pourtant, après ses aventures sur le Baratie, il s'était posé beaucoup de questions. Il avait fait mine de ne pas entendre la question du garnement, mais elle était bien arrivée à ses oreilles. Rejoindre un équipage ? Travailler en équipe ? C'était des choses auxquelles il n'avait jamais pensées jusqu'à maintenant. Il avait toujours cherché à assouvir sa soif de savoir, à savoir pourquoi le monde marchait ainsi, à comprendre pourquoi les différents royaumes et autres pays s'étaient dirigés vers la gloire ou l'apocalypse : quelles étaient les raisons ? Les faits publics, ceux cachés à la population, ceux qui avaient permis à des personnes dans l'ombre de prendre le pouvoir ou celle exposées à la lumière de finalement s'imposer pour les exterminer.
Il s'agissait d'interrogations nobles, de curiosité maladive, certes, mais sans arrière pensée; Jamais il n'avait pensé monnayer tout ce savoir accumulé, il avait préféré le garder pour lui et le contait à ceux qui le lui demandaient.

Pour revenir à ses interrogations, il se posait maintenant la question de former une équipe, de ne plus traverser l'océan en solitaire. Solitaire ? Pas vraiment. À chaque arrêt, l'homme faisait des rencontres, partageait avec des gens. Il était assez avenant, n'hésitait pas à échanger et à discuter autour de sujets parfois passionnants, ou non.
La réelle question portait sur ses objectifs. Connaître toutes les histoires passées ? Était-ce vraiment quelque chose que l'on pouvait partager ? Était-ce vraiment un but qui pouvait s'associer avec celui de quelqu'un ? Il avait eu la chance de voir deux objectifs complémentaires avec les deux garçons rencontrés au Baratie : un qui voulait devenir le Seigneur des Pirates, l'autre qui voulait lui faire atteindre ce même but. Pouvait-on vraiment considérer ça comme deux choses distinctes tant elles étaient liées ? Qui, dans ce monde, voudrait faire réussir Wilyan de la même manière, sans même y chercher un avantage personnel ? Personne. Devait-il renoncer à ses rêves ? Devait-il se trouver une nouvelle ligne directrice ?

« Hum... » grommela l'explorateur tout en dégustant sa seconde bière, cette fois-ci une brune au goût un peu plus forte que la précédente, mais tout autant délicieuse.

Assis là, il réfléchissait à ce qu'il allait faire pour la suite. Une vie était-elle trop courte pour pouvoir élucider tous les mystères de ce monde, surtout celui de ce fameux siècle oublié ? Devait-il réellement essayer seul, de cette manière, de la manière la plus courtoise possible, la plus simple, en questionnant, alors que beaucoup de portes s'étaient fermées jusqu'à présent ? Rejoindre des forces armées aux objectifs proches ? Peut-être que cela lui permettrait de s'approcher de zones plus convoitées, plus dangereuses donc, mais tellement plus intéressantes. Il n'avait jamais été trop mauvais en combat, mais de là à s'enrôler de la sorte, il y avait un monde. Que faire ? Qui pourrait lui apporter les réponses ?

En cette journée radieuse, Wilyan restait à l'intérieur, il était déjà allé visiter les environs et n'avait pas l'humeur pour vagabonder à nouveau dans la nature. Toutes ces questions qui se bousculaient dans sa tête venaient quelque peu de lui saper le moral, de le faire réfléchir sur la condition même de son existence. À la recherche de quelqu'un ou de quelque chose qui pourrait l'aiguiller, l'aider ou tout simplement partager ses doutes, lui donner un avis extérieur, il ne vit qu'une chose :
La porte s'ouvrir...

Invité

De retour au bercail

ft Wilyan Ash Rosa

Velt. Cette île paradisiaque qui avait vu ma jeunesse s'épanouir avec celle des adolescents de cette époque. Cette même île qui avait vu grandir Don Giorgio, un de mes plus grands amis. J'avais passé le cap le plus important de ma vie durant les 13 années que j'avais vécues sur cette île. Velt. Cette île qui représentait tant pour moi était là, devant mes yeux, mon regard se posant sur chaque parcelle de terre, les connaissant toutes par cœur. Le village n'était quasiment constitué que d'une allée principale au bout de laquelle se trouvait une petite base Marine, qui fonctionnait à doux régime. Les grandes portes étaient, depuis plus de 10 ans, bloquées en position ouverte. Mais il y avait tellement peu de gens qui venait ici pour de mauvaises raisons que cela n'avait pas vraiment d'importance. Je posai le pied sur le bois dur et abîmé de la passerelle d'accostage, descendant de mon engrenage sur lequel je m'étais déplacé depuis Marine Ford, ne m'autorisant que quelques escales durant ces 3 jours de traversée. J'étais passé par Calm Belt et cela était beaucoup plus rapide. Bref. Après ces 3 jours de voyage, je foulais enfin le doux mélange de sable et de terre qui caractérisait la plage de Velt. Comme à mon habitude, lorsque je venais rendre une visite à mes amis d'ici, je mis sur ma tête une capuche, afin d'éviter d'être reconnu, des fois qu'un indicateur ou des révolutionnaires soient présents sur les lieux. Pour tous les gens ici, j'étais désormais uniquement Papy Bao, le vieil ermite ne descendant que trop rarement de son exil.

C'est donc le dos courbé, appuyé sur une canne totalement improvisée, une capuche rabattue sur les yeux que je me dirigeais vers le meilleur établissement de restauration de tout le village ! Bien que l'île toute entière fusse connue pour ses mets d'exception, une seule adresse parvenait à ravir complètement mes papilles mais aussi mes oreilles. Cette adresse, c'était la taverne : Chez Nonna la Diva. Nonna était une femme de 68 ans à présent et m'avais connu à l'époque où j'avais pris les commandes de la base. Nous avions eu une liaison courte mais intense et nous n'en gardions que des bons souvenirs. Nous étions resté très bons amis et chaque fois que nous pouvions nous revoir, c'était l'occasion ou jamais de se charrier sur nos âges qui avançaient. La tête baissée et un sourire au lèvres, j'arrivai enfin devant ce fameux bar que j'appréciais tant. Une idée me vint alors. Désireux de faire remarquer mon entrée, car la plupart des gens là dedans me connaissaient, soit de vue soit de réputation, je me mis à déployer un léger champ électro-magnétique autour de moi, à peine suffisant pour faire trembloter les couverts, les ceinturons et certains bijoux. Je poussai alors la porte, pile au moment où une bourrasque passait, m'ôtant ma capuche et faisant voler mes cheveux derrière moi. Je fis alors cesser mon champ, les couverts cessant de trembler comme des vieillards maladifs.

Je vis alors dans le regard de la tenancière, tout d'abord une incompréhension, puis une joie intense. Elle me fit alors un grand sourire et, en mon honneur, lança le juke-box.

La musique entrainante, un hymne typique de la piraterie, n'était là que pour m'embêter au vu de mon rang. Mais, comme à mon habitude, je saisis la première pinte posée sur le bar avant de monter sur celui-ci et d'entamer un duo en chantant avec Nonna. Et tout le bar de reprendre en choeur avec nous, chantant ce refrain joyeux qui plaisait tant aux pirates. Cela nous prit 3 minutes de temps, passé à chanter et à taper sur les tables avec nos pintes, un sourire aux lèvres. J'embrassai alors avec fougue la joue de la patronne du bar, lui glissant ce petit mot à l'oreille, d'un air malicieux.

- Toujours aussi belle à ce que je vois, hein ma p'tite vieille ?

Mon ton volontairement moqueur n'était pas méchant et elle le savait parfaitement. Je posais alors mes fesses âgées, comme elle se plaisait à me le rappeler, sur un siège, juste à côté d'un homme qui n'avait pas l'air du coin. En effet, je l'avais remarqué dès le moment où j'étais entré dans la taverne. Il avait été très surpris par les mouvements anormaux des couverts et encore plus surpris d'entendre une musique si forte, si entraînante, déchirer le calme du lieu. Ce devait donc être un voyageur perdu, où naviguant aléatoirement sur les mers bleues. Je n'aimais pas vraiment de voir des inconnus. J'avais toujours cette méfiance envers eux. Qui pouvait donc déterminer la faction à laquelle ils revendiquaient une appartenance. Levant ma bière bien haut, un grand sourire étalé sur la face tel un enfant, les nombreuses rides de mon visage rappelant mon âge avancé, je lui adressais un regard que je voulus joyeux et innocent.

- Oye ! Il ne me semble pas vous avoir déjà vu dans ce lieu de joie et de bonne nourriture !Seriez-vous un touriste perdu ? Car, malgré que notre nourriture soit réputée parmi les 4 Blues, aucun touriste ne vient jamais ic volontairement, ou en tout cas très peu. Qu'êtes vous donc, monsieur le balafré ?

Civil

Wilyan n'avait pas vraiment compris ce qui s'était passé entre le moment où la porte s'ouvrit et celui où le vieil homme lui adressa la parole. Il se serait cru dans une comédie tant les choses les plus absurdes s'étaient succédées. Des danses, des chants... Dans un bar ce n'était pas quelque chose d'anormal. Cela avait eu l'effet de la sortir de ses pensées, de lui redonner le sourire dans ces moments de doutes et d'interrogations.

L'alcool coulait à flots et Wilyan ne manqua de boire quelques coups, entraîné par l'ambiance qui régnait dans les lieux. Il n'eut aucun mal à finir une, deux puis sa troisième pinte. Il tenait assez bien l'alcool, mais sentait tout de même les premiers effets. Son regard, d'habitude concentré, était moins soutenu, son souffle devenait plus court, il sentait l'alcool ressortir à chaque expiration. Un état dans lequel il n'aimait pas vraiment être, mais qui lui permettait de se livrer un peu plus. L'ambiance était bonne, la boisson de même, les plats le seraient sûrement tout autant. Cette île avait quelque chose d'attachant, les habitants s'étaient laissés entraîner par un vieillard et la tenancière, des bons vivants, qui appréciait les bons moments. Quoi de mieux pour discuter un peu et se livrer ?

Le vieillard qui avait lancé les « hostilités » s'était donc dirigé vers Wilyan à la fin de la chanson entonnée. Son sourire était marqué par le temps, mais il respirait encore la vie à plein nez. Il était heureux d'être ici, heureux de revenir en ces lieux depuis longtemps, comme pouvaient le montrer ses premiers mots adressés à la tenancière. Qui était-il ? Sûrement un ancien habitant qui avait dû partir pour diverses raisons et qui se plaisait à revenir dès qu'il le pouvait. Vu l'accueil réservé et l'ambiance qui était née de son arrivée, il était sûrement très apprécié et avait une image d'icône, celui avec qui l'on pouvait facilement faire la fête.

Sans prendre garde, parce qu'il n'estimait pas en avoir besoin et l'alcool aidant, l'explorateur répondit naturellement, sans préjugé, sans mesurer son discours. Il était sincère, sirotant ce qui restait de liquide dans son verre à chaque virgule improvisée.

« Haha, je ne suis pas vraiment perdu ! On m'a conseillé de venir ici sur une île voisine, parce que la nourriture et la boisson étaient bonnes. » commença Wilyan toujours de manière très détendue.
« Je suis un ancien charpentier de métier, passionné d'Histoire. Je me suis mis en route afin de découvrir les histoires d'anciens royaumes, de comprendre comment certaines dynasties ont perduré, comment d'autres ont disparu de la circulation... Je suis assez curieux, j'aime bien comprendre ce qui s'est passé, résoudre des enquêtes.

Je suis en particulier intéressé par une vieille histoire, une commune à beaucoup. Il m'a été impossible de remonter plus tôt que la même date, pour beaucoup de royaumes différents. Tout s'arrête pendant exactement cent ans. »

L'alcool aidant, Wilyan était parti loin dans ses explications. S'était-il trop avancé en en dévoilant autant ? Il ne le pensait pas. Tout ici semblait pacifiste et il n'avait pas l'impression d'avoir été dévisagé lors de son arrivée il y a quelques jours. Il ne s'était pas fait remarquer, chose qui avait sûrement été appréciée par les habitants.
Sans détour, l'explorateur retourna la question à son interlocuteur.

« Et vous ? Qui êtes-vous ? Tout le monde semble content de vous voir, comme si vous n'aviez pas été là depuis longtemps.
Vous savez mettre l'ambiance en tout cas, malgré votre âge avancé ! »

Wilyan avait volontairement oublié de parler de sa cicatrice, chose qui avait été remarquée par le vieillard.
Il s'agissait d'une histoire dont il n'aimait pas vraiment parler, du moins spontanément, peut-être qu'avec un peu plus de discussion et si on le forçait vraiment, il s'ouvrirait un peu plus.

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De retour au bercail

ft Wilyan Ash Rosa

La taverne devint tout d'un coup silencieuse. La totalité des gens ici connaissait ma couverture et tous savaient quel était mon vrai métier. Et tous avaient entendu ce qu'avait dit l'explorateur. Leurs expressions faciales étaient partagées entre la stupeur et la peur. Car, malgré que je sois venu ici pour me ressourcer, tous savaient que je ne pouvais pas rester de marbre face à de telles révélations. Le seul qui ne semblait pas perturbé le moins du monde parce ce qu'il venait de dire, sûrement un peu trop éméché pour penser aux conséquences de ses paroles. Il semblait détendu au possible et je le comprenais dans un sens. Il pensait juste parler avec un vieillard jovial, non pas avec un Amiral de la Marine. Sans lui accorder un regard de plus, alors que l'ambiance se faisait de plus en plus lourde, je vidais ma bière, lentement, prenant de longues gorgées. J'étais partagé entre ce que je devais faire et ne pas faire. Je devais montrer à cet homme qu'il était un danger pour le monde mais aussi tenter de ne pas griller ma couverture. Ayant pris une décision, je posais ma bière sur le bar, posant les deux coudes sur celui-ci, les mains jointes devant mes yeux. Toute l'assemblée semblait scotchée, attendant une réaction.

Me retournant avec vivacité, je lui décochais un coup de poing dans la mâchoire qui l'envoya s'écraser sur la table la plus proche.

- T'es un abruti gamin. Tu ne sais pas combien de gens ont perdu la vie en vivant comme toi. Tu ne connais rien aux dangers du siècle perdu. Cette recherche que tu crois innocente te mènera tout droit jusqu'aux geôles les plus profondes d'Impel Down. Et ça, ce sera si tu es chanceux.

D'un naturel assez calme, j'avais surpris tout le monde en frappant directement cet homme avant de parler. C'était la réaction à laquelle personne ne s'attendait, mais c'était la seule que je voyais. Je continuais à jouer mon personnage mais je pouvais tout de même montrer à cet homme toute l'étendue de son erreur. Il ne savait pas dans quel bordel il s'embarquait, ni à quel point sa vie allait devenir difficile.

- Pour répondre à ta question, je ne suis qu'un vieillard, tout le monde m'appelle Papy Bao. Je ne suis qu'un vieil ermite qui redescend de temps en temps faire la fête en ville. Mon père a vu de ses yeux l'île d'Ohara se faire réduire en cendres. Tu n'as aucune idée de ce à quoi tu t'opposes.

Je n'avais toujours pas daigné accorder un regard à l'homme, je ne savais donc pas quelle était son expression. Je ne voyais que l'effroi dans le regard de Nonna. Lui adressant un sourire, je lui glissais une petite liasse de billets pour la réparation de la table. Personne n'avait osé bouger d'un poil dans le bar, certains s'étant levés suite au coup, d'autres s'étant figés sur leurs chaises. La scène était théâtrale au possible et cela ne faisait que renforcer l'effet oppressant du moment. Cependant, je n'avais pas fini de parler et, avant que l'explorateur hors-la-loi ne puisse répliquer, j'enchaînais avec une dernière question, qui allait décider de beaucoup de choses. Qui allait décider de l'espérance de vie de cette homme.

- Dis moi, le fou ? Que sais-tu des Ponéglyphes ? Est-ce que tu as appris à les lire ?
J'avais enfin daigné me retourner, plongeant mon regard bleu électrique qui transperçait les chairs dans le sien. Ce moment était plus que crucial, il était décisif.

Civil

La surprise, puis la douleur s'étaient enchaînées pour le cerveau de Wilyan. Il avait à peine eu le temps de voir le coup du grand-père. Surpris. Puis, alors qu'il n'avait pas du tout eu le temps de se protéger, ni même de comprendre ce qui lui arrivait, son corps avait été propulsé, soulevé par la violence du coup. Après avoir parcouru quelques mètres en l'air, l'explorateur s'était lourdement écrasé sur une table, la détruisant au passage. Douleur.
Pendant trois ou quatre secondes ; il n'était pas capable de savoir comment le temps s'écoulait dans son état actuel, il resta immobile, laissant la sensation de douleur lentement se dissiper. Sa mâchoire, point d'impact du coup, lui faisait mal, son cou, qui avait encaissé la rotation entraînée par le choc, le faisait souffrir, son dos, qui avait absorbé le choc avec la table de bois, lui renvoyait l'ascenseur, nourrissant son cerveau de substance P qui lui montrait à quel point la chute avait été rude.
Plus de peur que de mal, tout de même, rien ne semblait cassé.

Malgré tout, malgré toute cette douleur, Wilyan avait réussi à enregistrer la plupart des mots qui étaient sortis de la bouche du vieillard.
Abruti ? Il s'était fait insulter, mais n'allait pas le noter. La puissance qui se dégageait de coup était bien trop importante pour provoquer ce vieillard en duel. L'explorateur avait compris grâce à cet unique toucher le fossé qui les séparait. Il n'avait rien montré et surpassait déjà le civil. Temps de réaction, vitesse, force. Il n'y avait pas un point où il lui était inférieur. Peut-être l'endurance, et encore, il aurait fallu pouvoir courir plus vite que lui ne serait-ce que sur une petite distance, chose qui ne semblait pas gagnée.

Impel Down ? La prison la plus grande et la plus sécurisée du monde ? Se passionner d'Histoire était donc passible d'enfermement dans un endroit comme celui-ci, où les gens étaient torturés et où personne n'était capable de s'échapper ?
Le mot qui lui avait fait le plus d'impression était en fait composé de deux mots, on pouvait donc appeler ça une expression. "Siècle perdu", c'était donc comme ça qu'on appelait tous ces récits qui se coupaient en même temps, pour réapparaître cent années plus tard. Une information capitale qui allait permettre au civil d'accentuer ses recherches, s'il parvenait à se sortir de cette situation bien trop mal embarquée à son goût.

Puis, alors qu'il se relevait petit à petit, le vieil homme déclina son identité, avant de parler d'une île que connaissait très bien Wilyan, une île sur laquelle il était allé.

« Je suis allé à Ohara, il y a maintenant dix ans. J'ai vu cette île rayée de la carte, immensité de terre sans vie. Tout ça à cause d'un "buster call"... »

Wilyan n'était pas fou et utilisait précisément ce terme technique qu'il avait appris là-bas. Il voulait voir la réaction du vieil homme lorsque son oreille entendrait ce mot, ce qu'il ferait, ce qu'il se passerait. Qu'il redonne un coup, ce n'était pas un problème tant que la mort était évitée. Il pourrait peut-être savoir ce que savait vraiment ce vieillard, si cette expression lui évoquait quelque chose, on pouvait facilement en déduire qu'il était impliqué d'une manière ou d'une autre.
Mais, ce serait finalement en répondant à la dernière question du vieillard que le charpentier scellerait son destin. Il n'hésita pas une seconde, jouant sur la table sa plus grande carte qui risquait de le mener à sa mort, tant le fait de parler vaguement de l'Histoire lui avait amené un coup.

« Les lire ? Disons qu'avec du travail, je peux comprendre. »

Sans peur, le civil avait plongé ses yeux dans ceux du vieillard. Bleu électrique, c'était la couleur dans laquelle il s'était plongé. Il avait peur ? Oui et non.
S'il mourrait ? Tant pis, quelqu'un reprendrait le flambeau. S'il était enfermé ? Il trouverait bien quelqu'un dans les entrailles de la prison qui serait capable de l'aiguiller un peu plus, quelqu'un qui serait là-bas pour les mêmes raisons que lui.
Qui ne tente rien, n'a rien. L'adage était réel. Mal en point, n'ayant pas vraiment de chances de survie, mieux valait tout essayer pour donner une petite valeur à sa vie, même si cela impliquait un langage disparu qui pouvait, d'après les dires de beaucoup, mais dont Wilyan n'avait pas connaissance, changer le monde.