La truffe au vent sur le ponton, Magnum voit les pourtours de Shabondy disparaitre au fur et à mesure que le navire prend de la vitesse et s'éloigne de la côte. Bientôt, ses présumées vacances sur les mangroves ne seront plus qu'un lointain souvenir, comme sa rencontre avec Light -qui commence déjà à dater- et toutes ces péripéties vécues jadis sur l'île aux mangroves bulleuses. Mais aujourd'hui, il s'était retrouvé la marine au trousse à cause d'une sale affaire de vandalisme des plus risibles, ça avait commencé à sentir le roussi et il avait été contraint de prendre la poudre d'escampette afin de ne pas avoir à en découdre plus amplement. Décidément, il ne lui arrive vraiment que des merdes quand il décide de prendre des petits boulots et de se faire discret un moment. Mais il n'y peut rien le bougre, il a toujours eu un mal de chien à ne pas se mêler à la foule. C'est une des mauvaises habitudes de sa période dans la révolution qui a tendance à revenir bien fréquemment, surtout depuis qu'il a mangé son fruit du démon. Il y a déjà une soixantaine d'années, il adorait changer d'identité, s'inventer une vie de bon racoon des plus idiots mais fidèle pour aller fouiner et se plaindre à la marine. Et il faut avouer que cela l'avait toujours fait prendre son pied. Mais désormais, il n'ose plus grand chose. Sa disparition programmée l'amène à rester dans l'oubli, à ne plus rien tenter de désarmant, encore trop hésitant quant au fait de garder secret le fait qu'un ex chef révolutionnaire se ballade encore paisiblement alors qu'on le croyait mort et enterré, ou à la limite vieux et croulant des jours paisibles sur une île désertée par les autorités. Jamais on ne s'imaginerait le voir comme ça, fringuant et en pleine mer, un coktail à la main alors qu'il y a quelques temps encore, il se tapait une cuite et un Davy Back Fight en charmante compagnie qui plus est. Comme quoi le monde est plutôt bien fait pour les vieux lourds de mer séniles.


Quoi qu'il en soit, Magnum n'en revient pas que son camarade et associé de toujours se soit trouvé à proximité de Shabondy juste le jour où il en avait besoin, et non à l'autre bout de Grand Line. Pour une surprise c'était une bonne, et elle avait permis au racoon de quitter l'île en toute tranquillité et sans faire de grabuges, juste à l'aide d'un simple coup d'escargophone. Il ne se souvient même plus du nombre de décennies passées sur ce bâtiment des plus fantasques, à monter sa propre compagnie de casino flottants, désormais connue d'un bon nombre de gens de la haute et de fripouilles en tout genre de part le simple fait qu'à l'intérieur, on trouve tout simplement de tout, et que malgré cela, l'ordre continue d'y régner. C'est en partie grâce au sublime système de sécurité et au personnel que le ponton du navire est toujours entier. Faut avouer qu'ils en ont connu des vertes et des pas mûres. C'est sûr qu'une baraque à fric de cette envergure qui navigue et laisse entrer n'importe qui, ça tente plus d'un pirate. Mais jusque là, ils ont toujours réussi à repousser les attaques, ceci ajoutant un certain cachet à l'établissement déjà fort fréquenté. Il n'y a cependant pas que cela qui fasse la réputation du casino. Les rumeurs également, soigneusement lâchées dans les pubs, décorées d'un soupçon de tentation qui laisse rêveur. Après tout, ce n'est pas partout que de telles sommes de berrys sont mises en jeu chaque jour. Et c'est sans compter le super jackpot en fin de mois qui attire sans cesse la foule.


C'est d'ailleurs aujourd'hui, alors ce n'est guère étonnant de voir autant de monde. C'est l’œuvre de toute sa vie ce salon de jeux mouvants, et pour rien au monde il n'aurait pensé réussir à mettre au point quelque chose d'aussi somptueux, bien que l'idée lui soit venue sur un coup de tête, alors que lui et ses camarades révolutionnaires fêtaient une victoire cuisante pour l'autre camp. Et ce soir là, on lui avait demandé s'il n'avait pas bu à s'en péter le foie, et comment il arrivait à trouver amusant le simple fait d'investir dans un projet aussi casse-tête. Pour les autres, c'était inexploitable, aussi bien puisse être le casino, jamais il ne tiendrait entouré par la mer et les pirates. Et pourtant, il était toujours là, le Splash Test de Grand Line. Il en avait sous le coude, et il s'était même classé dans le top des dix lieux les plus huppés des mers, une fierté pour l'ex-propriétaire. Magnum était toujours en train de répéter que l'affaire était loin de pouvoir couler, et pour cause, tout son génie se trouvait à l'intérieur d'un gigantesque hippopotame marin, qui lorsqu'il n'était pas intégralement submergé, permettait de profiter des installations situées sur son dos pour prendre un bol d'air. Il n'y a pas à dire, c'était vraiment gigantesque comme structure, bien que ce soit loin d'être comparable à Zoo. On pouvait tout de même convenir qu'il y avait de quoi faire tenir une belle minuscule île à l'intérieur. Et tout dans la bestiole avait été aménagé pour permettre le meilleur séjour possible aux clients,des toilettes à la décoration de table.


Magnum, toujours perché en haut du mât réservé au personnel ne cessait de s'émerveiller devant l’œuvre de sa vie, se demandant si ce serait la dernière ou si d'autres viendraient la compléter. Absorbé par sa nostalgie, il en oublia presque l'heure, et fut sorti de sa torpeur par le fabuleux son annonçant l'immersion de la bête. Il ne lui en fallut pas plus pour appuyer sur le bouton de la zappette qu'il avait prit soin de placer dans sa poche avant de grimper jusqu'au sommet du mât. Et ni une ni deux, un immense toboggan vint se déplier pour permettre au racoon d'accéder à l'intérieur sans avoir à faire le grand tour. Sans demander son reste, Magnum l'emprunta. Il en connaissait ses courbes par cœur, du premier virage au dernier. Pendant cette courte descente, l'animal décida de changer de forme, afin d'éviter toute confusion auprès de la clientèle. Il opta pour celle de la dernière personne réputée qu'il avait côtoyé avant de monter à bord; ce dénommé Light à la blondeur des plus équivoques. Si on lui avait demandé pourquoi, le racoon aurait simplement soufflé vouloir avoir un peu la paix. Sauf que l'inconvénient d'un tel physique était tout simplement le risque de ne pouvoir être tranquille. Surtout depuis que le blond avait rejoint un yonkou. Rien que d'imaginer un instant tomber sur une connaissance de ce cher Light lui donnait le frisson. Et dieu qu'il l'aimait, ce frisson. Ce frisson auquel il avait renoncé en quittant la révolution pour se terrer dans une vie paisible. Ce petit goût de piquant qu'amène le tabasco saupoudré sur un gigot d'agneau. Et c'est ainsi qu'il passe la sortie du toboggan, atterrissant avec finesse dans l'espace réservé aux enfants dans un torrent de couleur.

«MONSIEUR ! VEUILLEZ SORTIR DE CETTE PISCINE A BOULES IMMÉDIATEMENT !», hurle un membre du personnel de sa connaissance alors que lui sourit, fort amusé par la situation, avant de répondre, restant allongé à se prélasser dans les balles. «Oh salut Max, toujours une mine aussi crustacesque, content d'te revoir.
_NON MAIS SANS DÉCONNER COMMENT TU... QUE... C'est vous patron ?», crie toujours l'homme à moitié homard, n'ayant toujours su s'exprimer que comme ça. «Faut croire qu'elle a encore oublié de te prévenir, ahah. En tout cas, ravis d'te revoir, ça fait un bail. Par contre j'te sert pas la pince, tu m'excuses, mais faut que je me bouge sinon Limbo va me faire payer le billet d'entrée.» Juste avant de partir Magnum lance une balle en direction de son compère qui lève les yeux au ciel en maudissant la nouvelle patronne, plus si nouvelle que ça, qui aime tant le laisser dans l'ignorance. Avec vivacité, l'homme-crustacé rattrape le projectile, l'écrasant dans l'une de ses pinces, avant de faire un clin d’œil des plus creepy à l'homme blond testeur de réflexes alors qu'il vient tout juste de quitter la pièce à la recherche de la femme la plus téméraire qu'il ait connu. L'intérieur est si grand qu'il ne sait pas vraiment ou chercher, des tas de lieux lui viennent en tête. Il aurait vraiment dû demander à Max avant de s'éclipser.

Mais sachant que Limbo est au courant de son arrivée, il y a de grandes chances qu'il la trouve dans le jardin attenant à sa chambre. S'arrangeant pour passer par les chemins les moins empruntés, Magnum s'enfonce dans les entrailles de l'hippopotame avec une vigueur de jeune homme partant à l'aventure. Et puis il finit par arriver dans le lieu escompté, dans lequel il aperçoit l'objet de sa recherche. L'homme blond sourit avant de tenter une arrivée discrète à travers les buissons. Faisant le moins de bruit possible, il rampe sur le sol et parvient enfin sous le banc où la latino s'est assise. De là, il pourrait presque contempler sa culotte songe-t-il avant de prendre un coup de pied de la Limbo, l'ayant sans doute sentie arrivée depuis perpette. Ses yeux hargneux traduisent ses pensées, et elle n'a nullement besoin d'ouvrir la bouche pour lui susurrer de se lever au plus vite à moins qu'il ne souhaite finir au fin fond de l'océan plus vite que son ombre. Le racoon caché dans sa nouvelle enveloppe finit par se relever avec lenteur, époussetant le costume loué pour l'occasion avant de se tourner vers la trentenaire. «A force de me baisser j'ai dû y laisser la moitié de mes vertèbres, ronchonne-t-il en haussant les épaules, mimant sa déception de n'avoir pu jeter un œil à la culotte de Limbo. «Ouai et pratiquement les trois quart de ton cerveau..», rétorque-elle avant de lui re-balancer un coup de pied, tout ça juchée sur des escarpins à la hauteur effarante. Ah, quel bout de femme cette Limbo. Quand il y repense, c'est elle qui lui a appris à marcher en talons peu après qu'il ait découvert son pouvoir. C'est elle aussi, qui lui enseigné l'art de la femme à lui en faire tourner la tête. Ah cette Limbo, qu'aurait-il fait sans elle à part se relooker les seins devant sa glace tous les matins ? Le racoon ne préfère pas se poser la question plus amplement.

«Bon t'as quelque chose de prévu pour ce soir, ou tu oses improviser une soirée si capitale ? Y'a du monde, comment t'as prévu de gérer ça ? D'ailleurs, laisser Max s'occuper de la partie enfant, je trouve ça quelque peu déroutant, toi non ?»
_ça évite un surplus de gosse, c'est pas plus mal non ? D'ailleurs il m'a appelé y'a dix minutes, et j'ai le regret de te dire que tu me dois déjà 1000 berrys pour la balle que tu as délibérément éclaté.»
_1000 berrys, c'est absurde !», s'indigne Magnum. Ces balles ne valent pas un clou non de dieu. «Autant que de lancer une balle en plastique dans les mains de Max hmmm.». Un bon point pour la dame, mais c'était assez drôle de voir sa mine se décomposer avant qu'il ne retrouve aussi rapidement que d'habitude ce sourire d'idiot qui lui sied si bien. «Je te concèdes ça si ça peut te faire plaisir. Du coup, tu veux que je m'occupe de quelque chose, ou je peux aller piquer un somme le temps qu'on atteigne la prochaine île ?» D'un non frénétique de la tête, Limbo casse ses espoirs de flâner dans le Splash Test avant de lui expliquer son rôle pour la soirée. «Tu surveilleras les 600 millions censés être offert au gagnant de ce soir et seras ensuite chargé de protéger le gagnant jusqu'à ce qu'il soit en lieu sûr.». Shah, rien que ça. Attendez why ??? 600 hein, c'est 100 de plus que la prime sur sa tête. Où a-t-elle pu se faire autant d'argent ? Comment peut-elle gérer aussi bien l'affaire ? Le Magnum, l'air étonné et sonné à la fois hoche la tête, sans savoir dans quoi il s'embarque exactement. Mais une chose est sûre, on est loin du temps où le jackpot frôlait la dizaine de millions. Elle en a fait du chemin la Limbo, et c'est les cartes en main qu'elle le laisse en plan, repartant à ses affaires, non sans lui avoir laissé un escargophone et une copie du scénario prévu pour la soirée. Au moins une chose est sûre, elle ne fait pas les choses à moitié.




Depuis que la gitane l'a soigneusement lâché, Magnum a retrouvé le chemin de l'immense sale d'accueil, où en compagnie d'autres membres du personnel, il s'occupe de délester les patients de leurs manteaux et de leurs armes, choses obligatoires à faire dès l'entrée dans la bête pour s'assurer une traversée paisible. Il en profite pour repérer les personnes et groupes qui pourraient poser problème quant à la réalisation de sa mission du soir. Ainsi l'homme jongle donc entre les peau de bête, les sweat-shirt, les lames et les clefs des vestiaires. Se faire assigner à l'entrée alors qu'il a un rôle des plus capitales, c'est vraiment dérisoire, si bien qu'il prétexte un besoin urgent de vider sa vessie pour s’éclipser dans la discrétion la plus inexistante qui soit. Et Magnum se ballade donc, non sans se faire épier par quelques personnes, soucieuses de voir un tel homme dans le coin. Il finit par rejoindre un groupe au bar, papotant avec une demoiselle ravissante qu'il s'imagine sans trop de difficulté pouvoir charmer autour d'un petit cocktail. Il finit par en oublier son objectif pour aller faire un tour au stand de tir et décrocher le meilleur score du stand, faisant signe à la demoiselle de choisir ce qu'elle préfère, totalement inconscient des paires d'yeux qui trainent autour d'eux.

splashtest ••