Bloc C : Amé et Daraen !

Voyager, c'est grandir. C'est la grande aventure. Celle qui laisse des traces dans l'âme. Je dirais même que la vie est une aventure audacieuse, sinon elle n'est rien. Bien que je ne mesure pas plus d'un mètre cinquante, je ne me suis jamais senti aussi grand que depuis que j'avais rejeté cette vie banale, sur une simple île des blues, celle sur laquelle j'avais grandi. J'étais bien plus grand que tout autre habitant de cette île, et je n'aurais jamais eu une telle croissance - bien que spirituelle - si j'étais resté là-bas. À force de nourrir mon quotidien d'émotions fortes, mon appétit n'avait fait que devenir de plus en plus insatiable. Mon irrésistible faim d'action m'avait fait mettre le cap sur cette célèbre et fantastique île du Nouveau Monde où les plus grands combattants de tout horizon passaient au moins une fois pour livrer des batailles sans merci. Me voici à Dressrosa.

À bord d'une petite embarcation sur laquelle je pouvais naviguer même seul, j'étais arrivé à bon port après plusieurs jours de solitude, et presque de famine. Je posais enfin les pieds sur la terre ferme. La stabilité du sol terrestre était presque devenu surnaturel, tant j'étais habitué au bercement du bateau sur l'eau. Mon ventre gargouillait, la faim se faisait véritablement ressentir ... Il fallait trouver un resto, un snack, n'importe quoi, mais vite ! Je me mis en marche en direction du Colisée, sachant pertinemment que je croiserais des commerces sur la route. Il y avait forcément des stands de bouffe autour d'un pôle aussi attractif !

YOSHAAAAAAAA ! Cette journée s'annonce ... splendide !

Et sur cette note d'exclamation, je me mis en route. En chemin, j'admirais la ville. Elle était dessinée dans un style assez classique, on voyait bien là l'influence de Red Line, puisque cette île n'était pas trop enfoncée dans le Nouveau Monde. L'île était en elle-même assez vallonnée et la capitale du pays était disposé en long et en large de ces monts, ce qui lui donnait un charme particulier. Le Colisée était lui-aussi dessinée dans une architecture classique, il n'était d'ailleurs pas qu'un simple monument mais également un vestige de l'ancien temps, qui est toujours debout ! N'étant déjà pas bien grand, au pied de cet immense bâtiment, je me sentais infiniment petit ... Je m'achetais une bonne demi-douzaine de paquets de chips à un stand à l'entrée, dont la clientèle est en règle générale constitués de spectateurs et non pas des combattants eux-mêmes. Mais pourtant, je sortis de l'espace attribué aux visiteurs pour rejoindre les quartiers des participants, où l'on faisait la queue par dizaines pour s'inscrire. L'attente se fit moins longue que je ne l'aurais cru. Sûrement m'étais-je perdu dans mes pensées, me donnant l'impression que le temps passait plus vite.

J'étais attribué au bloc C. Apparemment, les combats du bloc A avaient déjà commencé, et nous, nous allions devoir patienter encore un peu avant de monter sur scène. Je n'accordais aucune attention particulière à ce qui m'entourait. Je me jetais dans un coin et j'ouvris un premier paquet de chips avant de m'empiffrer comme le morfale affamé que j'étais. Après tout, je n'avais rien mangé depuis la veille au soir ; pas de quoi faiblir, mais tout de même de quoi avoir les crocs sa mère ! Bouchée après bouchée, le sachet se vidait de plus en plus. Soudain, mon attention fut captée par un jeune garçon, qui devait avoir la quinzaine tout au plus, lequel me regardais avec un air d'autant plus surpris que s'il avait eu une vision.


Le jeune garçon accourut jusqu'à moi. Il était vêtu d'une armure de gladiateur, comme bon nombre d'entre nous ici. C'était à se demander où est-ce qu'il avait trouvé une tenue à sa taille ! Il ne devait pas être bien plus grand que moi, et beaucoup plus fin en plus. Que cherchait-il en venant ici ? La mort peut-être ? Lorsqu'il arriva jusqu'à moi, mon intense regard émeraude se plongea dans le sien, dont la couleur noire dégageait la même lueur malicieuse. Lorsqu'il arriva face à moi, je m'arrêtais net, une chips entre les doigts, amenée jusqu'en face de mes lèvres, sans que je ne la gobe pour l'instant. Dubitatif, j'écoutais ce qu'il avait à me dire.

Excuse-moi, je ne voudrais pas te paraître arrogant mais ... ce n'est pas un espace de jeu pour les enfants. Es-tu sûr de vouloir participer à ce tournoi ?

Abasourdi, je restais silencieux quelques secondes en dévisageant mon locuteur. J'avais beau le regarder de haut en bas, depuis tous les angles, ou même en me fiant au son de sa voix, ce gars avait tout au plus l'âge d'avoir ses premiers poils de slip ! C'était l'hôpital qui se fout de la charité ! Amusé, je lui lançais un sourire plein d'entrain, avant de répondre calmement qu'il n'y avait pas de souci à se faire pour moi. Fidèle à moi-même, j'observais les moindres détails de son équipement. Il s'agissait d'un gladiateur qu'on voyait souvent ici, et il savait très bien ce qu'il faisait là. Pour preuve, un bon nombre de candidats aux allures redoutables lui adressaient des regards respectueux ou bien plein de challenge, et seuls ceux qui ne semblaient pas le connaître nous regardaient d'un air impétueux et dédaigneux. S'ils savaient ... Parmi la foule, je ressentais deux ou trois présences qui sortait du lot, dont celle du nabot face à moi, ainsi qu'une d'entre elles qui me semble vraiment étrange. La personne en question n'est pas dans mon champ de vision, et ne m'intéresse pas plus que ça pour l'instant. Je reprends ma mâche frénétique de chips en écoutant le jeune homme me parler. Ce qu'il pouvait avoir la langue pendue ... Cela dit, j'adorais écouter les histoires que les autres avaient à me raconter.

Mais trêve de bavardage, ça allait être à nous. Les organisateurs étaient entrés dans la salle afin de nous mettre en garde. Tout le monde avait été pesé, examiné, et rapatrié dans une grande salle, dont les deux immenses portes en double-battant donnaient directement sur un couloir qui menait au centre de l'arène. Je pénétrais accompagné de ma nouvelle connaissance, des étoiles dans les yeux. Voir autant de milliers de personnes réunies autour de soi, en pleine ovation, ça tord les tripes ! Mon dernier paquet de chips en main, je pris une dernière grosse poignée avant de jeter le sachet par-dessus mon épaule. Celui-ci voleta jusqu'à l'eau qui entourait l'arène. Il en surgit un poisson-combattant aux cornes acérés comme des rasoirs et aux mâchoires capables de briser le roc. Il goba le sachet, mais il essaya surtout de choper quelques humains trop près du bord, lesquels furent sauvés par le petit homme qui m'accompagnait, qui, d'un violent coup de pied circulaire du droit, envoya valdinguer le poiscaille contre le mur opposé. Le corps inerte de l'animal flotta à la surface de l'eau après y avoir replongé dans un "flop" assourdi. Le premier sang était déjà versé ...

Après quelques minutes d'attente, la tension était palpable. Les combattants étaient prêts. Tous armés, je les regardais sans même daigner dégainer le sabre que je porte sur le dos. Je n'entends quasiment plus rien à cause des cris de la foule ainsi que du croustillement des dernières chips sous mes dents, mais je discerne les quelques mots du jeune combattant qui me bordait depuis tout à l'heure.

Que la chance soit avec toi jeune ami ! J'espère que tu t'en sortiras bien !

Sur ces mots, il s'éclipsa. Sa vitesse n'était pas mauvaise, bien que j'aurais largement pu le suivre. Sur son sillage, on pouvait voir des hommes s'envoler, certainement suite aux coups qu'ils ont reçu de sa part. Il semblait les mettre hors-combat en frappant de manière à ne pas trop leur faire mal. Sûrement voulait-il rapidement passer aux choses sérieuses. Mais le voilà en face d'un gaillard qui semble plus résistant que les autres. L'une des quelques puissances que j'avais repérées quelques temps plus tôt. Il allait devoir y aller sérieusement. Tandis que moi, je m'étais assis sur un gros bouclier qui traînait par-terre, et j'attendais simplement que les choses se passent. J'étais sur le qui-vive, bien que j'eus l'air innocemment déconcentré, nul ne se douterait que j'étais bel et bien sur mes gardes. J'observais le ciel, comme si de rien n'était. Comment la suite des événements allait-elle se présenter ? On n'en peut déjà plus d'attendre !

Bloc C : Amé et Daraen !

Les choses sérieuses pouvaient enfin commencer. Confiant, je fermais les yeux. Une sorte d'énergie m'envahit, c'était en fait l'adrénaline qui me faisaient trembler, voire vibrer sur place. Mon cœur battait la chamade, mes mains devenaient légèrement moites, et je ne pouvais retenir ce sourire amusé qui étirait mes lèvres. Le plaisir était vraiment au rendez-vous. Mon fluide perceptif me permettait de ressentir toutes les présences ici, et je sentais déjà parmi la foule de gladiateurs un bon nombre de combattants au sol, et d'autres qui avaient enfin trouvé un adversaire à leur niveau pour un affrontement qui allait durer. Quant à moi, je ressentis une vile intention à mon égard. Mes sens m'indiquèrent un danger ; je repérais grâce au haki un des puissants combattants que j'avais remarqué plus tôt, qui se dirigeait vers moi comme s'il ignorait toute autre présence ici bas. Comme si je n'étais que sa seule et unique ambition. Cette présence, imposante, me surprit totalement. Je connaissais cette personne ! Je voulais voir ça de mes propres yeux, pour en être parfaitement sûr. Dans un sursaut éclair, je me tournai dans la direction de l'homme-loup qui dégainait son sabre avec la ferme intention de s'en servir.


Soudainement, je vis la pointe de son sabre fendre l'air et celui-ci se geler au contact du métal dont la température avait chuté jusqu'à près de -150°C. Une petite buée forma une lame qui s'élançait jusqu'à moi à grande vitesse. Heureusement, j'avais réagi très rapidement ; en prenant appui du plat de la main contre le sol, je m'étais relevé avant d'esquiver la lame d'air sur le côté. Ayant pris en main le bouclier sur lequel je m'étais assis au passage, je lançai ce dernier à la manière d'un frisbee en l'amplifiant à l'aide de haki. Presque n'importe qui sur ce ring pouvait mourir en encaissant ce lancer ... mais je lui avais donné une trajectoire incurvée, de manière à ce que le bouclier arrive droit comme un I sur Amé, depuis le haut, semblant tomber en diagonale afin de le percuter au niveau du buste. Si le lancer venait à manquer, il plongerait dans l'eau, évitant ainsi d'atteindre le public.

Amé ! Mais quelle surprise ! Ravi que tu sois là ! J'ai tant voulu avoir l'occasion de t'affronter !

Il semblerait que je m'étais également engagé dans un duel. En espérant qu'aucun des combattants autour de nous n'interfère ... Justement, en voilà un qui me rue, malheureusement pour lui, il était tombé sur un adversaire bien trop coriace et d'un uppercut, je l'envoyai valdinguer fort et haut, le laissant retomber sur d'autres combattants qui tombèrent à l'eau avec lui. Je reportais mon regard sur Amé bien que mon attention ne l'ait jamais quitté ; puisque je le cernais à l'aide de mon fluide perceptif. Mais je lui faisais maintenant face, en plongeant mon regard dans le sien, mes yeux dégageant soudainement autant voire plus de bestialité que les siens, malgré son pouvoir zoomorphe.

Suite à cela, j'entamais une course effrénée dans sa direction, la main sur le manche de mon épée, que je portais sur le dos comme à l'accoutumée. Je semblais sur le qui-vive, prêt à réagir en fonction des réactions de mon nouveau rival. Tout allait se jouer sur l'anticipation à présent. Celui qui parviendra à surprendre son adversaire allait prendre de l'avance sur la suite du combat. Lequel de nous deux allait être le plus rusé?

Bloc C : Amé et Daraen !